NDE négative
/Je suis maintenant une femme de soixante ans. Il y a trois ans en-arrière, j'ai vécu une NDE négative. Je vais essayer par ces lignes de vous la décrire.
Tout a commencé, si je m'en souviens bien, un dimanche après-midi. J'étais en train de travailler sur mon ordinateur et j'imprimais des documents. Je tire une page et je la relis. Je fais quelques corrections, je retire la page et - je n'arrive plus à distinguer les caractères. Ma vue est brouillée, tout est flou. Il faut ici que je vous dise que je ne vois bien qu'avec l'oeil droit, le gauche me permettant juste de deviner des couleurs, des contours. Je panique un peu, me disant que ça va passer. Après cinq minutes, toujours pas d'amélioration. A l'époque, je vivais seule. Afin de ne pas trop paniquer, je suis allée me promener. J'y ai rencontré mon fils avec sa petite famille et nous avons fait un tour ensemble. Quand je suis rentrée à la maison, ma vue était à nouveau normale, ou presque. Soulagée, je ne me suis pas inquiétée outre mesure. Or voici que deux-trois jours après (je ne me souviens plus très bien du délai écoulé), voici que ça recommence. Et cette fois-ci, aucune amélioration, si bien que le lendemain je téléphone à un ophtalmologue. Je m'y rends le vendredi suivant. Il me dit que des petits vaisseaux ont sauté et qu'il faut prendre rendez-vous de suite chez mon médecin de famille. Ce que je fais illico. Je dois me rendre chez ce dernier samedi matin. Ce qui me paraît un peu bizarre, c'est que le médecin me dit: "Si un problème quelconque se présente, allez directement aux urgences"....
Le soir, je programme déjà ma visite, ne pouvant conduire, car ma vue ne s'est toujours pas améliorée. Je suis un peu tendue, nerveuse, mal dans ma peau. Comme je ne peux rien faire (ni lire, ni télé et que je suis seule) je décide de me coucher de bonne heure, vers les 20 heures. Cela me permet aussi, dans mon esprit, d'échapper à la sourde angoisse qui me tenaille. Je m'endors sans peine. Quelques minutes après (10, 15, 30??? - je ne saurais le dire), je me réveille. Je me sens affreusement mal. Mon coeur bat à tout rompre dans ma poitrine. Je me sens serrée, oppressée. J'allume la lumière et je m'assieds au bord du lit. Là, je commence vraiment à paniquer. Mon bras gauche est tout endolori et j'ai entendu parler des symptômes d'un infarctus. De plus, j'ai un goût affreux de métal dans la bouche. Mon coeur bat à une vitesse folle. J'ai mal partout et surtout, j'ai le sentiment absolu que je vais mourir. Je ne sais pas comment expliquer cela, je SAIS que ma dernière heure est venue. Je pense à mes enfants, à mes petits-enfants, et je me dis que je ne vais pas les revoir. Et, soudain, c'est le TROU NOIR. C'est absolument terrifiant. Je ne sais comment expliquer ce que j'ai ressenti. Tout était noir autour de moi. Mais pas seulement noir, VIDE. Il n'y avait RIEN. C'était la nuit totale, brutale, infernale, sans aucune luminosité, même la plus petite. Il n'y avait que le noir opaque et ce vide intersidéral. Je flottais dans cet espace, et je me sentais absolument SEULE, abandonnée, terrifiée. Je savais que j'allais flotter ainsi pour l'ETERNITE. Mon esprit me disait: alors c'est ça la mort. C'est AFFREUX, inhumain, insurmontable. C'est comme si je tombais dans le vide, à l'infini. Je ne sais pas si vous connaissez le jeu MYST, au début il y a un petit bonhomme qui tombe dans le noir, eh bien, c'était ça. J'étais comme ce petit bonhommre, insignifiante dans l'immensité illimitée. Aucune présence de quelque sorte que ce soit. J'étais vraiment SEULE. J'étais absolument terrifiée, je ne trouve pas d'autre terme, la terreur à l'état brut. C'était intenable dans la durée. Personne ne pourrait supporter cet état longtemps. Et en même temps je me disais que c'était pour l'éternité. C'était vraiment la REALITE. Ce n'était et ce n'est toujours pas, pour moi, une projection de l'esprit: C'EST COMME CA, CA ETE COMME CA "POUR DE VRAI", comme diraient les enfants....
Je ne sais combien de temps cela a duré. Qeulques secondes, une minute??? Pas très longtemps, je suppose, car sinon je serais vraiment morte. Quand je suis revenue à moi, je ne sais plus si j'étais couchée ou assise. En tout cas, je me sentais toujours aussi mal. Et mon coeur battait dans tout mon corps, dans ma poitrine, dans mon cou, dans ma tête. Et toujours ce goût métallique dans la bouche. Mon bras presque ankylosé. J'ai alors essayé d'appeler mon médecin au téléphone. Il fallait que quelqu'un vienne à mon secours. Mais, avec ma vue brouillée, je n'arrivais pas à faire le numéro.... De plus en plus paniquée, j'ai réussi à appeler mon fils (no abrégé). Il habite tout près et est arrivé presque aussitôt. Il a heureusement une clé de la maison. Ensuite, il a téléphoné à mon médecin puis, sur l'avis de celui-ci, il m'a amenée directement aux urgences, sans faire venir une ambulance, c'était plus rapide. Là-bas, une fois prise en charge, on m'a tout de suite mis un goutte-à-goutte, puis contrôles, etc. J'avis une pression de 220 sur 140 je crois (je ne me souviens plus de la deuxième valeur). Je suis restée à l'hôpital environ trois semaines. Il s'est avéré que j'avais fait un "petit" arrêt cardiaque. Les problèmes de ma vue venaient aussi de la pression. J'ai eu des tas d'autres contrôles, mais on n'a jamais réussi à savoir d'où provenaient ces problèmes de tension....
Puis je suis rentrée à la maison. Et j'ai fait des "malaises" à tout bout de champ. Je regardais la télé et - pan - je commençais à paniquer, mon coeur s'emballait. Je me suis rendue plusieurs fois aux urgences, et je suis même retournée à l'hôpital pour d'autres contrôles. Finalement, n'en pouvant plus, j'ai demandé à être hospitalisée en milieu psychiatrique. Là-bas, je me sentais protégée, il y avait toujours quelqu'un à proximité. J'y suis restée 3 mois. Finalement, on a trouvé un dosage adéquat pour mes problèmes de tension et j'ai aussi pris des anti-dépresseurs. J'avais en fait fait une "anxio-dépression".... Bon, maintenant ça va mieux. Je ne prends plus que mes médicaments contre la tension et celle-ci est dans les normes. Mais je n'ose trop me remémorer cette nuit-là. Je ressens de suite à nouveau cette terreur. Ma vue, après environ trois mois, est redevenue normale.
Je dois dire que déjà avant cet épisode je pensais souvent à la mort. Je ne suis pas croyante, cela influe peut-être sur le déroulement de ma NDE. Oui, je crois peut-être à une force cosmique, à un tout, dans lequel on va se fondre. J'avais aussi déjà entendu parler des NDE et j'ai lu plusieurs livres à ce sujet. Je dois aussi ajouter que ma mère est morte quand j'avais deux ans. J'ai toujours détesté la mort. J'ai fait beaucoup de méditation il y a quelques années en-arrière ( je me suis même rendue en Inde, dans un ashram) et là, j'ai toujours eu des expériences calmes, positives. J'ai aussi fait de la sophrologie, du reiki, je me suis intéressée à la réincarnation, etc.
J'envie les personnes qui ont fait une NDE positive. J'aurais bien aimé voir une lumière, sentir une PRESENCE chaleureuse, sentir l'AMOUR. Mais pour moi, rien, mais vraiment RIEN. Que le NEANT.
J'ai entrepris une psychothérapie, qui m'a fait beaucoup de bien. Mais qui n'a pas réussi à me permettre de surmonter cette terreur de ce qui va m'arriver lorsque je mourrai. Et ce qui est sûr, c'est qu'un jour ou l'autre je vais mourir. Comme tout le monde. Je me dis que puisqu'il n'y a rien à faire, il faut laisser venir et ne pas trop y penser...
Peut-être que d'autres personnes ont fait une expérience similaire à la mienne. Cela m'aiderait beaucoup de lire leurs témoignages. Et de savoir comment elles ont réussi à surmonter cette épreuve... Quant à moi, je n'ai pas pu partager cette expérience. J'en ai parlé un peu à mes proches et surtout à mon psychothérapeute. Mais je ne veux pas charger ceux que j'aime avec un tel poids...
Merci à tous.
Anonyme (janvier 2003)