Ma rencontre avec la lumière (EMC inclassable)
/Ce récit est véridique. Aucun élément fictif n'accompagne la description de ce témoignage. J’ai vécu ces phénomènes étranges en toute conscience. Ce fut indubitablement une expérience d’une intensité comme jamais il ne m’avait été donné de vivre auparavant.
C'était le 23 janvier 1979. Il était près de 17 h. Dehors, il faisait déjà très noir. Les nuits de l'hiver canadien commencent tôt dans cette campagne québécoise des Cantons de l’Est. Une foule de gens animait le rez-de-chaussée de notre grande maison victorienne. En plus des membres de notre famille immédiate, toute la parenté y était réunie au grand complet, sans oublier les nombreux amis. Pas moins d’une soixantaine d’individus s'entassaient comme des harengs dans la cuisine et le salon surchauffés. Tous s’affairaient à quelque chose : il y en a qui empilaient de la bouffe dans des assiettes de carton et d’autres qui n’en finissaient plus de remplir leur verre. Ils causaient et papotaient les uns avec les autres. Le rez-de-chaussée était une ruche bourdonnante. Ce chahut me força à me réfugier à l’étage supérieur.
Seul, dans une pièce qui servait de petit salon, je me trouvais là au jour le plus triste qu’il m’avait été donné de connaître. Je revoyais en pensée l’image de cette sœur que j’aime tant, de cette sœur que nous venions d’enterrer quelques heures auparavant. La souffrance que je ressentais était d’une amplitude insoutenable. Je n'arrivais plus à la supporter. Je n'avais que 16 ans… À cet âge, les émotions nous atteignent avec une force extrême.
C’est alors que, sans doute par instinct de survie, je me suis dit que je ne voulais plus ressentir cette terrible souffrance. Faire cesser cette douleur émotionnelle était mon unique objectif. J’eus le réflexe de croire que j'éloignerais de moi l'emprise suffocante de cette torture mentale en m’exerçant à ne penser à rien. Je tentais donc de n’avoir plus aucune pensée, de n’éprouver plus aucune émotion, de faire le vide en moi, le grand vide intérieur. Ce n’est certes pas sans grandes difficultés que je m’astreignis à cette tâche des plus exigeantes. Tous mes sens contestèrent cette pratique inhabituelle. Mes yeux, mes oreilles et ma peau y étaient rebelles. Mon corps ne voulait pas coopérer avec une telle demande de ma volonté. Malgré les multiples obstacles qui se dressaient contre ma quête du vide, je m’efforçais pourtant davantage. Je devais tout improviser, car je ne disposais à l'époque d'aucun enseignement sur les techniques de méditation. J’ai donc essayé de toutes les manières qui me venaient spontanément à l’esprit : debout, assis, couché, les yeux fermés, les yeux ouverts… Le résultat ne se faisait pas sentir.
Finalement, j’optai pour une position assise, le dos bien droit, les bras bien relâchés le long de mon corps, les yeux ouverts, contemplant fixement une statuette en terre cuite de forme humaine disposée sur une étagère en face de moi. Je me souviens de m’être dit intérieurement que cette statue avait bien de la chance de n'éprouver aucune émotion. Je voulais être comme elle. Je me suis donc imaginé être… une statue. Comme elle, j’étais immobile, je ne clignais pas des yeux, aucune pensée n’attirait mon attention et la cacophonie d’en bas ne m’atteignait plus. J’aurais pu tomber par terre et me casser en miettes sans que cela ne me perturbe d’aucune façon. Je suis enfin dans le calme le plus total.
C’est alors qu'une vibration prend naissance sous la plante de mes pieds, remonte mes jambes, traverse lentement ma colonne vertébrale pour aller atteindre le sommet de ma tête. C'est là une perception très bizarre. C’est comme la sensation d'un courant électrique traversant, de bas en haut, tout le corps. Tous les poils de mon corps se dressent au contact de cette propagation énergétique. Quelle douce ascension! Cela arrive à la hauteur de ma tête, et mes cheveux, électrisés par ce champ magnétique, s'élèvent bien droit.
Soudainement, toutes les lumières de l’étage s'éteignent. Est-ce une panne de courant? Je ne le crois pas, car je n'entends pas le moindre sursaut de la part des banqueteurs funèbres d'en bas. D'ailleurs, le rez-de-chaussée est étonnamment silencieux. J'ai l'impression d'être seul dans la maison. Comment une soixantaine de personnes peuvent-elles disparaître subitement? Moi, je suis là-haut, seul, dans le noir, avec une sensation encore très étrange dans mon corps. Je ne comprends pas ce qui arrive.
Puis, j’entends une porte s’ouvrir lentement à l’autre extrémité de l’étage. C’est la porte de la chambre à coucher de cette sœur que je viens de perdre quatre jours plus tôt. C'est dans sa chambre qu'elle s’est suicidée. Quelques instants plus tard, une seconde porte s’ouvre. Cette fois-ci, il s'agit de la porte de l’allée donnant accès au petit salon situé devant la chambre de cette même sœur. Celle-ci étant plus près de moi, je l'entends encore mieux que la première, d’autant plus qu’elle avait la fâcheuse habitude de grincer fortement quand on l’ouvrait. À ce moment-là, je sens que quelque chose s’approche lentement vers moi le long de ce couloir. Par contre, il ne m'est pas possible de voir ce que c'est, puisque ce couloir est en angle de 90 degrés avec la pièce où je me trouve. Je m'avance donc un peu plus et je vois un reflet lumineux se déplacer sur le mur du corridor qui s’offre ainsi à ma vue. Cela se rapproche lentement vers moi, en illuminant les murs à son passage. Il est certain que j'eus très peur. Je suis allé m’accroupir derrière une chaise au fond de la pièce...
Soudain, je vois en face de moi cette chose, ou plutôt cette présence. Comme un soleil émergeant lentement d'un horizon vertical, elle apparaît peu à peu dans l'ouverture de la baie de porte devant moi. Elle s’immobilise au centre de cette ouverture, flottant à mi-hauteur de celle-ci, en parfait équilibre dans les airs. C’est une boule de lumière blanche, irradiante comme un soleil, d'environ 40 centimètres de diamètre. Son irradiation est puissante, sans toutefois altérer ma vision. Je peux sans aucune difficulté la soutenir du regard. Je reste là immobile, contemplant cette sphère lumineuse un certain temps. Cette Lumière ne ressemble à aucune autre lumière connue. Elle est vivante...
Ayant repris courage, je me relève et je m'avance à mi-chemin vers cette Lumière immaculée. Là, je lui adresse les mots suivants : « Qui es-tu ? ». Je ne reçois aucune réponse. Cette forme ronde de Lumière-Vivante demeure là, devant moi. Je peux voir de minces filets lumineux, comme des milliers de petits éclairs, dessiner le pourtour de cette boule illuminée. Je peux même entendre une sorte de vrombissement sonore provenir de cette Lumière. Cela est semblable à un essaim de milliers d’abeilles. Je contemple ce phénomène longuement.
Puis, la peur s'empara de nouveau de moi. Je souhaitais maintenant me diriger vers le rez-de-chaussée. Je me rendis compte qu'il me fallait passer sous cette Lumière pour franchir le seuil de cette pièce. À l’instant même où je prends l’initiative en pensée de m’élancer vers la sortie, et ce, sans initialiser le mouvement nécessaire à cette action, cette boule de Lumière se précipite sur moi à une vitesse vertigineuse pour m’atteindre en plein cœur. J’en suis tout ébloui un certain temps. C’est comme se retrouver au beau milieu de feux d’artifice. Je ressens alors une Joie immense qui envahit mon être tout entier. Je baigne dans un Amour incommensurable. Je ne sais pas combien de temps dura cette sensation. Cela me parait durer une éternité. Le temps me semble figé. Toutes les choses autour de moi prennent un aspect différent et étrange. Chaque chose semble reliée à moi, comme si elles sont une partie de moi. Il n’y a pas de séparation entre moi et toutes ces choses. Tout est interrelié. Toutes les choses sont d'importance égale. C’est comme une extase. Après un temps indéfinissable dans cet état, j’observe alors mon corps. Il est entouré d’une luminosité phosphorescente verte. Cette lueur est semblable à certains colliers fluorescents qui se mettent au cou dans les foires et les spectacles. Je reste un moment à regarder ce phénomène lumineux se dégager le long de tous mes membres.
Puis, j'entendis à nouveau le chahut de la soixantaine de convives. Je pris donc la décision de retourner au rez-de-chaussée de la maison pour rejoindre les membres de ma famille. J'ai finalement descendu les escaliers lentement, car la peur ne m’habita plus. J'ai même remonté dans cette pièce après avoir atteint la moitié des escaliers. Tout juste revenu au milieu des autres personnes du rez-de-chaussée, je suis allé immédiatement vers une de mes sœurs. Je me suis alors empressé de lui demander si elle voyait la lueur verte qui m’entourait. Elle me répondit que non en se demandant bien pourquoi je lui demandais une telle chose. La coloration sur mon corps s’estompa lentement jusqu’au point où je ne fus plus en mesure de la voir moi-même.
Les années n’ont jamais pu altérer le contenu de cette expérience dans ma mémoire. Depuis ce phénomène étrange, je n’ai aucun doute que l’au-delà existe et que nous soyons tous immortels. Ce fut une expérience très puissante. J’ai bien cru que mon corps était pour exploser au contact de cette Lumière. Je veux dire par là qu’il me sembla que mon corps ne pouvait pas supporter autant d’énergie. On aurait dit qu’une Force fulgurante inonda tout mon être. Je me suis senti transporté ailleurs. Je sais maintenant ce que le mot extase représente. Toutefois, j’éprouve énormément de difficulté à tenter de décrire cette rencontre avec La Lumière. Les mots me paraissent si faibles pour parler de cela. Je sais que je minimise cette expérience en utilisant les mots.
Cette expérience provoqua en moi des changements profonds dans mon comportement et ma manière d’appréhender la vie. Je devins beaucoup plus sensible à l’idée d’avoir une mission à accomplir au cours de mon existence terrestre. Des valeurs orientées vers l’humanisme et l’écologie s’installèrent en moi. Tout mon système religieux d’alors s’est profondément changé. Il n’est plus basé sur des croyances, mais sur la connaissance et l’intuition. Je ne suis plus un partisan spécifique et exclusif à une religion donnée, j’embrasse toutes les vérités en chacune d’elles. Il est certain que, depuis cette rencontre avec la Lumière, les modèles de vie que nos sociétés nous proposent m’indisposent grandement. Désormais, je n’ai nullement envie de vivre dans un monde basé sur la domination de l’un sur l’autre. Je suis devenu comme allergique à toute forme de compétition. Un nouveau phénomène, assez particulier, s’instaura en moi à partir de cette expérience. Désormais, je ne ressens plus aucune crainte envers la mort.
J’ai finalement acquis une formation d’accompagnateur pour les personnes gravement malades et pour le soutien à leurs proches. J’offre bénévolement beaucoup de mon temps et de mon aide pour accompagner des personnes en phase terminale dans les unités de soins palliatifs.
Comme vous pouvez le remarquer dans ce témoignage, je ne suis point passé par la mort pour vivre cette expérience de La Lumière. Je l’ai vécu extérieurement, de la même façon que lorsqu’à l’état de conscience de veille l’on rencontre quelqu’un en face de soi-même. Donc, il ne s’agit pas ici d’une expérience de mort imminente (EMI), ni d’une expérience hors du corps (OBE), mais de l'expérience d'un état modifié de conscience (EMC).
La rencontre avec La Lumière, telle que rapportée par nombre de personnes ayant vécu une expérience de mort imminente, peut également advenir au cours de notre vie en tant qu'être incarné sur la Terre.
Denis (août 2010)